marcher dans la nuit

Un encart de presse ce matin avec ce titre «  Se contenter de vivre, quand on n’est pas mort ». Une résonance, un écho, un retentissement inattendu.

Rien ne sera plus jamais comme autrefois. Singularité de l’avant- Singularité de l’après…Le voile se déchire, les masques tombent. Comment ne pas prendre conscience de cette joie d’être aujourd’hui vivante ou d’être devenue malgré soi une sur-vivante ? J’ouvre mes yeux sur le monde avec des types nouveaux de vision : devant moi se déploie un arbre de la vie aux racines profondes étonnamment entrelacées.

Tout ce décorum qui m’a vu grandir, pousser, devenir moi, me parait aujourd’hui étranger, impossible, un monde, un univers qui ne me ressemblait pas, qui n’était pas le mien. J’imaginais ma vie, absente du monde, je la rêvais. Je découpais morceau par morceau les pans du réel. Je projetais mes formes, mes plis, une matière diaphane, douce et diffuse censée alléger le poids de certains actes, ainsi que la violence des mots qui dessinait au fond, faut-il le reconnaître, les contours de ma propre souffrance. Passe muraille, invisible je voyais sans être vue. A l’abri, j’observais avec circonspection ce tourbillon d’agitations insensées, ces échanges belliqueux entre les êtres, et cette phratrie, cette division qui s'immiscait peu à peu dans laquelle j'étais prise. Coupable d'être née? Babel, je crie ton nom !

Je frissonne encore là où mon enfance s’est endormie et pleure. Aujourd’hui la nuit a passé..