Il ne faut pas demander si nous percevons vraiment un monde, il faut dire au contraire : le monde est cela que nous percevons. Nous sommes dans la vérité et l’évidence est « l’expérience de la vérité ». Chercher l’essence de la perception, c’est déclarer que la perception est non pas présumée vraie, mais définie pour nous comme accès à la vérité. » (La phénoménologie de la perception – M. Merleau-Ponty).
La perception dont il s’agit ici n’est pas celle qui se situe dans le « je perçois » qui circule dans toute communication mais dans notre expérience muette des choses, dans cette intime sensation qui surgit et se déploie de moi à moi. Je me tiens alors en deçà du champ conscientiel, du mode réflexif.
Voilà pourquoi notre « savoir » primordial du réel est en deçà de toute EXPLICATION scientifique, rationnelle du monde, et se fonde sur la DESCRIPTION de la perception du monde. Je ne m’intéresse pas à la causalité des phénomènes mais à ce qu’ils sont.
Le monde n’est pas ce que je pense mais ce que je vis, c’est à dire sa facticité : un jaillissement immotivé, comme celle de ma conscience.