l-erable-du-Canada

Quelle journée splendide dans ce Béarn natal. Hier, nous étions de passage au cœur de deux petits villages : Salies-de-Béarn puis Sauveterre-de-Béarn. Le premier bourg célèbre pour ses salines aux maisons typiques, aiguise notre curiosité, tandis que le second, nous replonge d’un coup à l’époque moyenâgeuse avec ses fortifications superbes aux pieds desquelles ruisselle le gave d’Oloron.

Je ne connais rien de plus apaisant que cette campagne aux intonations « chevaleresques ». Le silence qui accompagne nos pas participe à ce retour aux sources. Le temps de l’horloge s’est arrêté. Mon cœur bat doucement dans cette poussière d’instants intimement liés que plus rien ne séparent.

Sur les hauteurs du parvis de l’église, je contemple les montagnes à la tombée de la nuit, ma vue se dessille, mes repères se troublent : les formes inorganiques s’éprouvent les unes aux autres pour donner vie à cette toile éphémère.

La lune et le soleil se croisent dans un clair-obscur : pulpe secrète sans doute d’un halo d’absence. Enigmatique présence du visible invisible…

La feuille rougeoyante de l’érable tourbillonne.  Le vent force ma perception pour me donner à voir dans sa danse automnale les nervures palmées d’un dessous sans dessus, d’un "sens" dessus-dessous. Le sensible s’enroule dans ce ballet des formes, dans cette diffraction chromatique, comme si rien n’était plus à sa place … signe  peut-être d’une vision nouvelle.