Pic d'Anie

Nous avançons dans le lapiaz de la Pierre Saint-Martin aux diaclases élargies, serait-ce là le « Mordor » ?

L’arrivée à ce sommet semble suspendre Chronos dans son élan, tant l’horizon l’agrandit. Elle immobilise les montagnards pourtant aguerris. Une brise légère caresse nos visages, sans doute pour mieux nous porter sur ces crêtes lumineuses.

La tranquillité des cimes répare le souffle. De fait, on respire mieux dans l’illimité. A mes pieds, des petits jardins miniatures résonnent dans ce chant printanier de couleurs.

Je me souviens de textes anciens, de ma jeunesse d’étudiante. L’ascension de la montagne constitue selon l’expression de Bachelard « le voyage en soi, le voyage imaginaire le plus réel de tous ». Belle lucidité en vérité.

C’est un mouvement ascendant qui soulève l’esprit porté par l’éther azuréen. Comme il suggère la divinité du lointain, je me tiens en poète dans l’intervalle des monts.