lien

Tantôt, j’assistais à une intervention somme toute remarquable sur la question de la laïcité selon Catherine Kintzler. Dans sa présentation, je fus séduite par l’un des axes de sa pensée.

Celui-ci s’exprimait dans la question de la nature et de la forme du lien rendant possible l’association politique. En effet, ce que l’on trouve au fondement de toute société civile, c’est bel et bien « le pour quoi » et « le comment » d’un ensemble de libertés singulières qui souhaitent pouvoir co-exister au sein d’une même communauté. Toutes les théories du contrat posent le même axiome : les hommes s’associent parce qu’ils veulent que la reconnaissance et l’effectivité de leurs droits soient reconnues et garanties.

Pour autant, se dessine un moment singulier d’avant le contrat.

Ce moment là c’est l’instant « zéro », c’est-à-dire le règne d’une neutralité axiologique, d’une convergence de désirs, d’agrégats volitifs qui s’orientent vers les mêmes lignes de force pour donner corps à une assemblée. Pouvons-nous seulement le concevoir ?

A ce stade-là, on ne peut pas revendiquer d’identité politique, ethnique, religieuse, mais simplement l’assurance de faire partie d’un corps de citoyens qui sera constitué par des règles communes. J’avais envisagé ce schéma dans mon travail sur Thomas Hobbes et la question de la démocratie, une sorte de démocratie originaire non décidée et officiellement anomique..

Ce qui apparait comme une évidence ici, c’est qu’il y a quelque chose qui nous unit, qui nous réunit : un lien « ante-politique » au sens d’une non-appartenance à un type de régime politique particulier et qui plus est religieux.

Ce lien, sans référence aucune à une quelconque transcendance ou frontière de pensée, est toujours en cours et doit être réactivé pour juguler les batailles, les clivages, ou toutes sortes de tentatives d’enfermements communautaristes. Ce lien est constitutif de notre « essence »probablement parce qu’il nous évite de faire face à cette incapacité que nous avons à être seul, à ce besoin « d’être-avec » et de savoir-vivre parmi nos semblables.

La question principielle demeure : comment trouver le moyen idoine pour le faire perdurer ?